La 45ème
promotion de l’École Militaire Interarmes a été baptisée Feu Général d’Armée
Moussa Traoré, le vendredi 1er septembre 2023, sur la place d’armes
du centre d’instruction Boubacar Sada Sy de Koulikoro.
Né le 25 septembre 1936 à Sébétou dans la région de Kayes fils de Kaba, un
ancien soldat de l'Armée française et de Founè Traoré, il a fait ses études
primaires à l'École régionale de Kayes entre 1944 et 1950. Intelligent, assidu
et méthodique, ses brillants résultats scolaires lui ouvrirent les portes de
l'École des Enfants de troupe de Kati où il a fait des études secondaires
générales. Il est sorti major de sa promotion avec une passion pour le métier
des armes. Ainsi, Il s'engagea dans l'Armée française en novembre 1953. Puis,
il passa N°1 en 1953 et N°2 en 1954.
Nommé au grade de Sergent-chef, il rejoint l'École de Formation des
Officiers Ressortissants d'Outre-mer (EFORTOM) à FREJUS en France en 1959 d'où
il sortit également major de sa promotion en 1960.
A la proclamation de l'Indépendance du Soudan français sous le nom du Mali,
le 22 septembre 1960, C'est bien ce jeune Officier d'alors qui, depuis la
France, adressa à l'Union Soudanaise RDA, les félicitations de toute la
promotion des Ressortissants Soudanais, qui a assuré par la même occasion, de
sa disponibilité à rentrer au Pays pour servir sa patrie. Ce qui a été fait et
en juillet 1961, il est affecté au Centre d'Instruction de Kati à la tête de
l'unité des blindés. Nommé aux grades de Sous-lieutenant en 1961 et Lieutenant
en 1963, il a été envoyé au Tanganyika (actuelle TANZANIE) en qualité
d'Instructeur auprès des combattants des Mouvements de libération. Formateur de
qualités exceptionnelles, il a été à son retour nommé Instructeur à l'école
Militaire Interarmes de Kati où il forma la plupart des jeunes Officiers du
Mali indépendant.
Compétent, charismatique et intrépide, son leadership, son management et
son sens élevé de la responsabilité lui ont valu la confiance et le respect de
ses frères d'armes. Arrivé sur la scène politique par un concours de
circonstance le 19 novembre 1968 avec ses compagnons d'armes regroupés au sein
du Comité Militaire de Libération Nationale (CMLN), le Lieutenant Moussa Traoré
présida aux destinées du Mali jusqu'au 26 mars 1991.
Pendant sa magistrature, il a créé l'Union Démocratique du Peuple Malien
(UDPM) en 1979, parti unique avec successivement l’Union Nationale des Femmes
du Mali (UNFM) et l’Union Nationale des Jeunes du Mali (UNJM).
Il s'est fait remarquer par ses qualités d'homme d'État, respecté,
visionnaire éclairé, intransigeant et faisant preuve d'un grand amour pour la
patrie. Ses efforts aux plans national et international en faveur de la paix,
du développement socio-économique, de l'unité africaine, de l'intégration régionale
et sous régionale ont été récompensés par de multiples distinctions dont :
-
Le prestigieux prix des relations diplomatiques décerné le 21 Septembre
1984 par l'Institut des Relations Diplomatiques,
-
Le grade de Doctor honoris causa de l'université de Calabar du Nigeria, le
04 décembre 1987, devenant la première personnalité non Nigériane à recevoir
une telle distinction.
En sa qualité de président en exercice de l'Organisation de l'Unité
Africaine (OUA) pour un an, à compter du 28 mai 1988, il a été l'un des
artisans les plus engagés pour la libération de Nelson Mandela. En outre, il a
été membre fondateur de plusieurs ensembles régionaux et sous régionaux,
notamment :
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La Communauté des États d'Afrique de l'Ouest (CEAO) en mai 1970 à Bamako,
qui deviendra la Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO)
suite à la signature de son Traité à Lagos le 28 mai 1975.
-
Le Liptako-Gourma (décembre 1970 à Ouagadougou) ;
-
L'organisation pour la mise en
valeur du fleuve Sénégal (OMVS en mars 1972 à Nouakchott) ;
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Le Comité Inter-États de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS en
Septembre 1973).
Durant sa riche et longue carrière militaire et politique, « Feu Général
d'Armée Moussa Traoré » a incarné l'humilité, le sang-froid, l'esprit de
patriotisme, la rigueur, le courage et surtout le sens élevé du devoir et de la
responsabilité comme valeurs cardinales de l'Officier, du citoyen tout-court.
Après une vie bien remplie, il a tiré sa révérence le 15 Septembre 2020 à
l’âge de 84 ans, laissant à la postérité les vertus et les valeurs qui fondent
et raffermissent l’élan patriotique et souverainiste du Mali.